• Parler de cul à des lycéens

    As-tu déjà eu un cours d'éducation sexuelle (en gros le truc où on te parle pendant deux heures de préservatifs, de capotes et potentiellement de consentement) ? Moi oui. J'en ai encore quelques vagues souvenirs, par rapport à un datant de l'époque du collège, et le suivant au lycée.

    Mais aujourd'hui (en réalité il y a quelques temps, par ce que j'ai attendu la fin de l'année pour publier l'article par souci d'anonymat), je suis passée de l'autre côté du miroir. Et j'ai donc blablater pendant deux heures, devant des jeunes au départ très contents de louper leur cours de maths, mais très gênés par la suite, lorsqu'on a commencé à évoquer les zones érogènes.

    Pour remettre les choses dans le contexte, il faut savoir que dans les études de santé, on réalise ce qui s'appelle le service sanitaire. En gros, on fait une action de prévention. Nous, les étudiantes sages-femmes, on a donc eu le droit d'aller dans un lycée pour parler de santé sexuelle et affective. Ce qui en soit, est plutôt bien vu : le métier de sage-femme, aujourd'hui, est bien plus large que simplement faire naître les bébés : on fait aussi le suivi de grossesse, la rééducation du périnée, plein d'autres trucs très chouettes, et enfin (et surtout) le suivi gynécologique. Donc effectivement, on est censées s'y connaître un peu pour tout ce qui est IST et contraception.

    Evidemment, on n'a pas parlé que de ça. La santé sexuelle et affective, c'est bien plus large que les risques. C'est avant tout le plaisir et tout le tralala (d'où le fait que je parlais d'évoquer les zones érogènes).

    On en est donc aussi venu à parler de genre et d'orientation sexuelle (parce que c'est important. Très important !). Et c'est là que je reste assez stupéfaite.

    Déjà, commençons par évoquer la préparation de nos interventions auprès des lycéens. Je me doutais un peu que les filles de ma promotion ne serait pas très à l'aise sur le sujet, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit à ce point là. Je ne pense clairement pas être experte sur le sujet (après tout, je reste une femme cisgenre a priori hétéro), mais j'essaye de pas mal me renseigner. Et je me souviens d'un jour avoir lu un témoignage qui disait que les personnes lesbiennes, pour leur suivi gynéco, rencontraient des professionnels pas du tout à l'aise sur ce qu'il fallait proposer pour des personnes qui avaient des rapports entre personnes à vulve. Et bah soyons honnête, c'est pas encore gagné. Mais l'avantage, c'est que de préparer ces interventions aura sûrement permis d'ouvrir un peu plus les esprits.

    Parlons des lycéens. Ils connaissaient des choses, et c'est vraiment super, même si c'était parfois un peu flou. Mais par contre, bon sang, les questions qu'ils nous ont posés ... Ca m'a particulièrement touchée. Parce que vraiment dommage de se poser des questions comme ça à notre époque.

    Alors reprenons : bien sûr que oui, c'est normal et pas grave d'être attiré par d'autres hommes (quand on a soi-même un pénis). Ensuite, concernant tout ce qui va être pratiques sexuelles, il faut avant tout écouter son corps et ses envies. Donc avec une protection (préservatif, digue dentaire ou gants) et du lubrifiant, il n'y a pas de risque particulier, et on peut faire après tout ce qu'on veut (avec le consentement de l'autre personne, bien évidemment !) (même si très franchement, on sait qu'il y a un soucis de représentation).

    ~ En gros, tout ça pour te dire à toi qui lis cet article, je pense que ce qu'il faut retenir, dans le domaine de la santé sexuelle et affective, c'est qu'il faut s'écouter, soi et des envies ! Et puis bien évidemment, tout ça dans le respect de l'autre qui a lui aussi ses propres envies (la communication entre les partenaires, c'est super important aussi).
    (Et les protections sont importantes aussi, parce que les IST et les grossesses non désirées, c'est pas cool).


  • Commentaires

    1
    Dimanche 3 Juillet 2022 à 21:21

    Au lycée, je me rappelle avoir eu un cours d'éducation sexuelle en seconde. J'en garde un très lointain souvenir. 

    C'est super important d'en parler et d'informer les lycéens donc c'est quand même top que des professionnels de santé interviennent. 

    Ils savent pas mal de choses parce que internet, réseaux sociaux etc... Mais il y aussi beaucoup de clichés et de stéréotypes véhiculés. 

      • Jeudi 28 Juillet 2022 à 16:27

        Comme tu le dis, c'est hyper important d'informer, et d'autant plus que justement, même si internet permet d'obtenir beaucoup d'infos, il y a aussi pas mal de désinformations (et si tu vas pas sur les bons sites, tu te retrouves facilement embarqué vers des contenus moins safe, surtout dans le domaine de la sexualité).

        Après, même si on est étudiantes en santé, c'est vrai qu'on est pas encore diplômées. Je sais que sur le programme de l'année prochaine, on va avoir quelques cours qui auraient pu être très utiles pour préparer nos interventions. Et au final, on s'est retrouvées à faire des recherches sur internet aussi (mais bon, c'est vrai que nous par contre, on est un peu plus sensibilisées à quels sont les sites fiables).

    2
    Mercredi 20 Juillet 2022 à 14:40

    Personnellement je ne m'en rappelle absolument pas donc je ne crois pas en avoir eu, à part en SVT quoi mais on ne parlait pas du côté orientation ou quoi que ce soit xD

      • Jeudi 28 Juillet 2022 à 16:39

        Je crois qu'en théorie, il faudrait qu'il y ait trois interventions de ce type par an (différentes des cours de svt). Je crois que personne n'a jamais eu ça dans sa scolarité x).

        Mais après c'est vrai que ça doit être compliqué à organiser. Nous, on est intervenues dans le cadre d'un partenariat entre le lycée où on est allée et notre école de sage femme. Quand j'étais au lycée, je sais que c'était des gens d'une assoc qui étaient venus. Peut être que toi dans ton lycée, il y avait personne qui pouvaient venir ...

        Pour tout le côté orientation, en vrai c'est nous qui nous nous sommes dit que c'était important d'en parler, donc je pense pas que ce soit évoqué tout le temps malheureusement.

    3
    Mercredi 20 Juillet 2022 à 17:03

    Je suis toujours au lycée alors je garde un souvenir plus frais de ces interventions. Au collège on venait me parler de "comment faire" surtout avec une mise en pratique pour la capote sur des pieds de chaises... Je peux assurer que chez les garçons les réactions étaient très vives (on rigole, on se donne des tapes, on fait des blagues parfois salaces), alors que chez les filles c'était plutôt gêné voir avec des refus. Et l'histoire du consentement je ne me souviens pas du tout qu'on en ait parlé. Au lycée je n'ai pas eu d'intervention mis à part mes cours de SVT au cours dequels les gens sont un peu plus civilisés. On avait un exposé à faire sur l'orientation justement et j'avais mené une réflexion un peu philosophique.

    Bref... Tout ça pour dire que je trouve les interventions pertinentes car elles permettent de compenser pour ceux qui n'ont peut-être pas le courage d'en parler avec leurs parents. Néanmoins je trouve qu'il faut que ça reste un sujet personnel mais sans tabou. Je ne sais pas si je me fais comprendre. Je veux dire... Souvent à cause de la socialisation et autre (oui c'est de la socio) certains ont tendance à suivre les "modes" ou les manières de faire qui ne sont pas forcément correctes, comme afficher sans gêne leurs orientation leurs idéaux. Attention je ne veux pas dire qu'il faut cacher le fait d'être hétéro ou autre, seulement il ne faut pas VOULOIR le montrer pour être "cool". D'autant plus que ça peut choquer les plus jeunes. Ce n'est pas une éducation pour rien... Il faut le faire progressivement.

    Merci pour l'article, j'aurais aimé en lire plus sur ton expèrience et comment tu t'es sentie face aux élèves.

      • Jeudi 28 Juillet 2022 à 17:03

        Des capotes sur les pieds de chaises ? Je connaissais pas cette technique pour montrer x). 

        Là c'est vrai qu'on a surtout cherché à faire passer comme message aux lycéens, c'est ce que j'ai mis en fin d'article. Qu'en soit on pouvait faire tout ce que l'on souhaitait, à condition que ce soit dans le respect de l'autre et de ses envies (si on parle d'une relation à plusieurs, bien sûr ; parce qu'on a vaguement évoqué la masturbation et le porno aussi), et qu'il fallait se protéger (ist, grossesse, et comment faire en cas de problème. Et aussi avoir du recul sur ce qu'on pouvait "voir" sur internet et qui est différent de la vraie vie).

        Au niveau de mon expérience, c'est un peu particulier, parce que j'avais déjà animé des groupes de tutorat (en gros plus ou moins du soutien scolaire pour les étudiants en PACES), et donc je savais un peu ce que ça faisait d'intervenir auprès d'élèves.
        Mais c'est vrai que moi franchement, c'est quelque chose que j'ai vraiment apprécié. Je suis intervenue avec plusieurs classes, et c'est vrai que sur la première, c'était un peu stressant, on se demandait (avec le reste de ma promo) justement comment ils allaient réagir et tout. Sauf que je pense qu'au lycée les gens sont un peu plus mature qu'au collège, et donc on a pas eu de réactions types rires et tout.
        Dans certains groupes, c'est vrai que les lycéens étaient un peu gênés, et donc participaient peu, alors on a du, nous, parler toutes seules pendant deux heures, mais dans d'autres par contre, ils étaient hyper réactifs, avaient pleins de questions et donc c'était vraiment agréable. Après au final, on a eu des retours très positifs de ce qu'on avait fait, donc c'était quand même très chouette.
        Nous c'est vrai qu'au final on avait pas trop de soucis à parler de sexualité et tout, parce que au final, le métier de sage-femme qu'on apprend est quand même hyper lié à ce domaine, et c'est un peu notre quotidien d'en parler.

      • Lundi 26 Septembre 2022 à 19:56

        Franchement c'est super intéressant. Et voilà, je suis contente pour toi que ça se passe globalement bien. Tout ça me fait penser que les interventions sont peut-être plus pertinentes au début du lycée. Et c'est super important quand on y pense! Attends imagine sans faire exprès de jeunes chopent une maladie et ne le savent pas. Ou alors une tombe enceinte mais n'ose pas en parler à ses parents jusqu'à ce que... On ne puisse plus le cacher quoi. Heureusement qu'il y a tout ce système pour éviter ce genre de problème. Mais aussi des problèmes plus petits comme: la gêne, la frustration, le stress de ne pas réussir (alors qu'il existe pas de réussite dans tout ça en vrai).

        Et comme tu dis. Heureusement qu'on peut en parler librement!

      • Jeudi 29 Septembre 2022 à 23:45

        En théorie, les élèves devraient avoir 3 interventions de ce type par an de la primaire (je crois) à la fin du lycée. Donc je sais que les sujets abordés doivent être adaptés au niveau d'étude (par exemple, sur des interventions au collège, on peut aborder un peu plus les thématiques d'égalités hommes-femmes, et d'anatomie).

        Bon après, les 3 séances sont jamais fait en pratique ^^' (si tu en as une ou deux dans ta scolarité c'est souvent déjà énorme). Mais ça serait quand même sacrément utile, vu tous les sujets à aborder

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    4
    Mercredi 21 Septembre 2022 à 19:24

    Je te tire mon chapeau pour avoir fait cette intervention ! J'ai eu la chance d'échapper au service sanitaire (étant diplômée avant que ça arrive pour ma formation), parce que j'aurai jamais réussi à faire ce genre d'intervention. Même si c'est pour le bien commun (éduquer les jeunes là dessus c'est important et les rassurer comme tu as du le faire avec l'exemple de question que tu as donné aussi), j'aurai été beaucoup trop mal à l'aise.

    J'ai déjà fait ce genre "d'intervention" auprès de personne, mais ça s'est toujours fait avec une seule personne à la fois.

    L'article est très intéressant et évidemment j'approuve totalement la conclusion ! =) 

      • Dimanche 25 Septembre 2022 à 23:50

        Merci ^^ Je ne savais pas que tu étais aussi de le domaine de la santé. Après, je ne sais pas comment ça se passe dans ta filière, mais je sais que le service sanitaire ne consiste pas toujours en des interventions comme moi j'ai pu le faire (par exemple, je sais que dans ma fac, les dentaires faisaient juste des consultations dans des EHPAD et cie ...).

        Personnellement, c'est vrai que je garde un très bon souvenir de ces interventions. Comme je le disais dans un autre commentaire, j'étais assez stressée avant de commencer, mais j'avais déjà l'expérience d'intervenir auprès d'un groupe dans le cadre du tutorat. Je pense que ça m'a beaucoup aidé justement. En plus, même si on pourrait imaginer que le sujet de la santé sexuelle est un peu tabou, c'est quelque chose que j'ai tellement l'habitude d'aborder au quotidien dans mes études que cela m'a permis d'être un peu plus à l'aise (dans le sens où pour moi, c'est plutôt un sujet "facile"). Et puis c'est vrai que les retours positifs des élèves sur nos interventions ont permis de prendre un peu plus confiance (et comme j'en ai fait plusieurs, à là fin, j'étais rodée x) ). 
        Au final, j'aurais même envie de le refaire, et je me demande par quel autre biais ce serait possible. Même si j'ai beaucoup de trucs à critiquer sur le service sanitaire, je trouve qu'au moins, ça a été utile là dessus.

      • Mardi 27 Septembre 2022 à 09:49

        Et pourtant x') ... Alors de mon côté, le service sanitaire a été instauré au moment où j'ai été diplômé, donc je ne sais pas comment ça se passait dans ma filière non plus. Mais des étudiants que j'encadre maintenant, ils doivent faire des interventions ils me semblent... Après j'avoue ne pas en savoir plus et ça l'idée d'avoir presque pas échappé à ça me traumatise un peu xD. J'ai fait un stand santé, ça m'a suffit ! (j'avais même fait un flyer à l'époque pour le stand, c'était sur les AVC [si tu es curieuse de voir]).

        Oui, c'est sûr que pour toi le sujet est sûrement plus facile et tant mieux si tu avais déjà un peu d'expérience pour t'adresser à un groupe grâce au tutorat ! Et c'est agréable à lire que tu en garde un si bon souvenir ! J'espère que tu pourras refaire des interventions du coup, car ça aide bien les jeunes en effet et si ça peut en aider, c'est toujours bon à prendre ! Après, comme tu le dis, faut trouver par quel biais amener ça ^^

         

      • Jeudi 29 Septembre 2022 à 23:54

        Le stand c'est pas mal aussi. C'est chouette que tu es pu mettre ton goût pour le graphisme à contribution ^^

        En y réfléchissant, je me dis qu'il doit bien y avoir des associations qui mènent ce genre d'intervention (quand j'étais au collège, il me semble que c'était ça en tout cas), mais il faut les trouver ces assoc x). Donc déjà, je vais finir mes études et puis on verra plus tard.

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